Qu'est-ce que sont les Company Towns?
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Le terme company town est d'origine récente. Il a été inventé en Amérique à la fin du XIXe siècle et a d'abord été appliqué aux camps miniers et aux fonderies des Appalaches et de la vallée de Monongahela. Il a toujours été utilisé de manière péjorative et a porté une stigmatisation qui n'a pas disparu. Qu’est-ce que c’est alors un company town ? John S. Garner propose un aperçu :
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Un company town est une colonie construite et exploitée par une seule entreprise commerciale. La plupart des company towns sont apparues entre 1830 et 1930 au début de l'ère industrielle. Les villes prospéraient dans des pays qui embrassaient le capitalisme et le commerce libre et appartenaient à des industriels dont les premières entreprises ont contribué à la phase de «décollage» de la révolution industrielle.
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Dans une ville de compagnie, pratiquement tout ce qui est associé à la colonie, y compris les maisons, le magasin, l'école et même la chapelle, était subordonné à l'entreprise commerciale. Les usines ou les mines, dominaient le site, et il y avait une similitude dans les maisons et autres bâtiments annexes.
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La plupart des villes étaient assez petites, avec des populations dépassant rarement quelques milliers. Les ouvriers qui vivaient dans les villes d'entreprise, qui se conformaient aux circonstances qui leur étaient imposées, créaient leurs propres sous-cultures. L'ordre social dérivé de la routine du travail, de l'isolement et des règles ou politiques imposées par l'entreprise.
À la différence de celle de la ville industrielle ou de la ville de corporation contenant plus d'une entreprise, même lorsqu'elle est consacrée à la même industrie, la plupart des propriétés des villes de compagnie appartenaient à un particulier, une famille ou une société de personnes. Dans certaines villes, les ouvriers eux-mêmes partageaient la propriété, mais il s'agissait de rares exceptions.
Une ville modèle d'entreprise était une ville dans laquelle le paternalisme du propriétaire dépassait les exigences architecturales simples des usines ou des mines. Des maisons, des parcs, des écoles, des bibliothèques et des salles de réunion bien conçus, tous situés dans un paysage attrayant, ont représenté un degré inhabituel d'intérêt de la part du promoteur. Mais tout aussi exceptionnels ont été les programmes sociaux qui s'étendent aux familles des employés. Certains industriels résidents se sont véritablement intéressés au bien-être de leur main-d’œuvre et ont tenté de créer un environnement modèle. Bien que leur intérêt pour les affaires locales puisse également être insidieux ou oppressif, plus d'un petit nombre d'industriels ont pris des mesures paternalistes pour recruter ou retenir une main-d'œuvre qualifiée ainsi que pour maintenir leur investissement financier dans les bâtiments et les terrains. [1]
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Comme il est possible de remarquer, un company town est alors une partie d’un ensemble industriel créé pour héberger la force de travail d’un centre productif. Ses attributs plus notables étaient le fait que ce site appartenait à une seule entité, laquelle exerçait son pouvoir et son autorité sur les ouvriers à travers d’une direction souvent de caractère paternaliste. La mise en place de ce modèle a demandé aussi la création d’un modèle urbanistique et architectural particulier, basé surtout dans la deuxième moitié du XIX siècle sur les principes du positivisme, de l’hygiénisme, et influencé aussi par l’idée de la cité-jardin. Les zones d’habitation des usines de Noisiel, de Dalmine et des mines de São Domingos et de Biribiri s’encadrent dans ce contexte. Ainsi, au long des sections suivantes, sont présentées l’Histoire, l'Architecture, la Culture et la Gestion de ces sites, en tentant d’identifier les caractéristiques formelles des bâtiments, ses usage et son symbolisme, la vie culturelle de ces communautés, le profil des entrepreneurs et des travailleurs, et de comprendre les relations établies entre ces groupes.
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[1] John S. Garner, The Company Town. Architecture and Society in the Early Industrial Age, pp. 3-4.